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Le brigadier Frédéric.

et leurs soldats chez les habitants ; les réquisitions en foin, paille, viande, farine, eau-de-vie, tabac, etc., allaient leur train à Saint-Dié comme ailleurs.

Je sortis de mon paquet une chemise propre, et je mis mon uniforme, me rappelant que M. d’Arence avait toujours fait grande attention à la tenue de ses hommes. Le caractère ne change pas, on est à cinquante ans ce qu’on était un vingt. Puis je descendis dans la salle d’auberge et je m’informai du logement de M. l’inspecteur des forêts.

Une bonne vieille femme, la mère Ory, qui tenait cet établissement, me dit qu’il demeurait au coin du grand pont, à gauche, en arrivant à la gare. Je m’y rendis aussitôt.

Il faisait un temps clair et froid ; la grande rue, qui descend de la gare à la cathédrale, était toute blanche de neige et les montagnes autour de la vallée aussi. Quelques soldats allemands, dans leur longue capote couleur de terre et coiffés du bonnet plat, emmenaient au loin, devant la mairie, une charretée de vivres ; deux ou trois servantes remplissaient leur cuveau à la jolie fontaine de la Meurthe. Du reste, on