Page:Erckmann-Chatrian - Le brigadier Frédéric, 1886.djvu/253

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

247
Le brigadier Frédéric.

la nuit elle n’avait pas de la fièvre, des frissons, des étouffements.

Par sa manière de l’interroger, elle était en quelque sorte forcée de lui répondre, et le vieux médecin sut bientôt qu’elle crachait du sang depuis plus d’un mois ; elle l’avoua, toute pâle, en me regardant comme pour me demander pardon de m’avoir caché ce malheur.

Ali ! je je lui pardonnais de bon cœur, mais j’étais désespéré.

Après cela, M. Carrière voulut l’examiner ; il écouta sa respiration et finit par dire que c’était bien, qu’il allait écrire son ordonnance.

Mais dans la chambre voisine, étant seuls, il me demanda si personne de notre famille n’avait été malade de, la poitrine ; et comme je l’assurais que jamais, ni de mon côté ni du côté de ma femme, nous n’avions connu de ces maladies, il me dit :

« Je vous crois ; votre fille est très-bien conformée, c’est une forte et belle créature ; mais alors il faut qu’un accident, une chute ou quelque chose de semblable l’ait mise en cet état. Elle nous le cache peut-être, il faut absolument le savoir.