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Le brigadier Frédéric.

Aussitôt je rappelai Marie-Rose, et le docteur lui demanda si quelques semaines avant, elle ne se rappelait pas être tombée, ou bien s’être heurtée fortement, lui disant qu’il allait faire son ordonnance selon ce qu’elle répondrait et que la vie pouvait en dépendre.

Alors Marie-Rose avoua que le jour où les Allemands étaient venus enlever nos vaches, elle avait essayé de les retenir par la corde, et qu’un de ces Prussiens lui avait donné un coup de crosse entre les épaules, dont elle était tombée sur les mains, et que tout aussitôt elle avait eu la bouche pleine de sang ; mais que la crainte de ma colère en apprenant cette abomination, et la peur de me voir faire un mauvais coup, l’avaient empêchée de m’en rien dire.

Tout devenait clair !

Je ne pus m’empêcher de pleurer en regardant ma pauvre enfant, victime d’un si grand malheur.

Elle se retira.

Le docteur écrivit son ordonnance ; comme nous descendions, il me dit :

« C’est grave… Vous n’ayez que cette fille ?