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Le brigadier Frédéric.

lui fit du bien, je m’en aperçus dès les premiers jours ; sa voix était plus claire, ses mains étaient moins brûlantes ; elle me souriait, comme pour dire : « Tu vois, mon père, ce n’était qu’un rhume… Ne te chagrine plus. »

Une douceur infinie brillait dans son regard, elle était heureuse de se ranimer ; et l’espérance de revoir bientôt Jean, ajoutait encore à son bonheur. Naturellement je l’encourageais dans ces bonnes idées ; je lui disais :

« Nous recevrons des nouvelles un de ces jours…, le voisin un tel en attend aussi de son fils, cela ne peut plus tarder. Les postes étaient arrêtées pendant la guerre, les lettres restaient entassées dans les bureaux… Les Allemands voulaient nous décourager… Maintenant que l’armistice est accepté, les lettres vont revenir. »

La satisfaction d’entendre ces bonnes choses épanouissait sa figure.

Je ne la laissais plus descendre en ville ; je prenais moi-même le panier pour aller faire nos petites provisions ; les bonnes femmes me connaissaient.

« C’est le vieux brigadier, disaient-elles, dont