Page:Erckmann-Chatrian - Le brigadier Frédéric, 1886.djvu/258

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

252
Le brigadier Frédéric.

vous avez votre affaire : une lettre qui vient de l’armée de la Loire ! »

Je montai quatre à quatre, le cœur battant. Qu’allions-nous apprendre ? Depuis tant de semaines que s’était-il passé ? Jean était-il en route pour venir nous voir ? Arriverait-il le lendemain… dans deux, trois ou quatre jours ?

Tout agité par ces pensées, en haut ma main cherchait le loquet sans le trouver ; enfin je poussai la porte, ma petite chambre était vide.

J’appelai :

« Marie-Rose ! Marie-Rose ! »

Pas de réponse.

J’ouvris l’autre chambre : mon enfant, ma pauvre enfant était étendue là, près de son lit, sur le plancher, blanche comme de la cire, ses grands yeux à demi ouverts, la lettre serrée dans sa main, un peu de sang sur les lèvres.

Je la crus morte, et la relevant avec un gémissement horrible, je la déposai sur le lit.

Puis, la tête égarée, appelant, criant, je pris la lettre, et d’un seul coup d’œil je la lus.

Tiens, la voilà ! Lis, Georges, lis haut ; je la sais par cœur, mais c’est égal, j’aime à sentir se