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Le brigadier Frédéric.

forestière de Jean Merlin, regardant au-dessous le petit toit en bardeaux, le jardinet entouré de palissades, et la cour où la mère de Jean chassait ses poules et ses canards au poulailler vers la nuit, car les renards ne manquent pas dans ce tournant de la forêt Je regardais d’en haut, et je criais en levant ma casquette :

« Hé ! Margrédel, bonsoir ! »

Alors, elle, levant les yeux, me répondait toute joyeuse ;

« Bonsoir, monsieur le brigadier. Ça va bien chez vous ?

— Mais oui, Margrédel, très-bien, Dieu merci. »

Aussitôt je descendais à travers les broussailles ; nous nous donnions une poignée de main.

C’était une bonne femme, toujours, gaie et riante, par suite de sa grande confiance en Dieu, qui lui faisait toujours voir les choses du bon côté. Sans nous être rien dit, nous savions bien cequenous pensions tous les deux ; nous n’avions besoin que de parler de la pluie et du beau temps, pour comprendre le reste.

Et, quand après avoir bien bavardé, je m’en allais, Margrédel me criait encore de sa voix