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Le brigadier Frédéric.

exhalant un soupir, sa tête un peu penchée se releva, et ses yeux d’un bleu pâle s’ouvrirent lentement.

Une brave femme, qui regardait près de moi, prit un petit miroir sur la table et l’approcha de la bouche ; aucun nuage ne s’étendit sur la glace ; Marie-Rose était morte !…

Je ne dis rien, je ne fis entendre aucune plainte, et je suivis comme un enfant ceux qui m’emmenaient dans la chambre voisine. Je m’assis dans Vombre, les mains sur les genoux ; mon courage était brisé.

Et maintenant c’est fini !… Je t’ai tout raconté, Georges.

Ai-je besoin de te parler encore des cierges, du cercueil, du cimetière !… et puis de mon retour dans la petite chambre, où Marie-Rose et moi nous avions vécu ; de mon désespoir, en me voyant là…seul, sans parents, sans patrie, sans espérance, et de me dire : « Tu resteras ainsi toujours… toujours… jusqu’à ce que les vers te mangent !… »

Non !… je ne peux pas te raconter ça ; c’est trop horrible… Je t’en ai dit assez !

Tu sauras seulement que j’étais devenu comme