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Le brigadier Frédéric.

Les gens ne se plaignaient que d’une chose, au Graufthal, à Dôsenheim, à Echbourg, etc., c’est qu’il ne tombait pas d’eau. Mais dans le fond de la vallée, ces temps secs étaient justement les plus beaux et les plus riches ; l’humidité ne manquant jamais, l’herbe poussait à foison, et tous les oiseaux d’Alsace, merles, grives, bouvreuils, ramiers, avec leurs jeunes nichées, s’ébattaient chez nous comme dans une volière.

C’était aussi le meilleur temps qu’on pût souhaiter pour la pêche, car lorsque les eaux sont basses, les truites remontent aux sources vives, sous les roches, où l’on va les prendre à la main.

Tu penses bien que les pêcheurs ne manquaient pas. Marie-Rose n’avait jamais eu plus d’omelettes à faire, ni de fritures. Elle veillait à tout, et répondait en courant aux compliments qu’on lui faisait sur son prochain mariage. Elle était fraîche comme une rose ; rien que de la voir, Jean Merlin avait les yeux humides d’attendrissement.

Qui se serait figuré dans ce temps, que nous allions avoir la guerre avec les Prussiens ? Quel