Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/138

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précède, si l’on te suit. N’attends de mot d’ordre de personne ; celui qui te le donnerait serait ton maître. Crie ta pensée comme elle te vient, quand elle te vient, dans les termes qui te paraissent justes : proclame-la dans les rues larges et sur les hautes tours. Il n’est pas bon que l’homme soit muet : celui qui écoute est désarmé bien vite. Écris ta réflexion de ta propre main, de ta propre orthographe ; signe-la de ton nom et jette-la aux quatre vents. Ne dis pas que tu n’es ni assez savant ni assez célèbre pour cela. N’as-tu pas mesuré la hauteur des grands hommes de ce jour, et te croirais-tu, par hasard, plus petit qu’eux ? Répands dans l’air tout ce que tu as sur les lèvres, lumière ou flamme. Il nous faut marcher avec la torche d’une main et le flambeau de l’autre.

Homme déshérité ! affirme-toi dans ta personnalité, dans ta dignité ! Sur ta tête proscrite pose, d’une main ferme, le plus brillant des diadèmes, celui que portait l’homme libre au grand jardin d’Éden et qu’on lui a ravi joyau par joyau. Debout dans ta propre cause, pour tes griefs, pour ta revendication ! Lève-toi seul, sans parti, comme s’est levé l’héroïque braconnier de Saône-et-Loire ! Le rôle de bourreau historique n’est pas fait pour nous.

Et je dis à Nicolas :

Descendant des plus puissants révolutionnaires que furent jamais, maître de la moitié du monde, homme du nord, organisation de fer et de glace, volonté tenace, vanité mesquine, influence de hasard et de naissance !..... Ni trêve ni merci à l’Occident ! Suis la voie que vont t’ouvrir des milliers de cadavres, la voie qui conduit au cœur du Vieux-Monde, à Paris !... Frappe par l’Épée et par le Poison, par l’Incendie et par la Surprise ! Achète la Trahison ; déchire les Traités ; fais la guerre en Barbare ! Le Choléra, la Peste, les Fléaux et les Famines sont avec toi ! La division est au camp des civilisés  ; on y parle toutes les langues