Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/157

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féodales ? Quelques castels qui tombent en ruine, si l’industrie ne les transforme pas en usines ; quelques blasons cent fois effacés, cent fois repeints par les révolutions : à peine quelques gouttes de sang qui n’aient pas été mêlé à celui des races impures. Les représentants des plus illustres familles patronnent les entreprises de chantage les plus scandaleuses ; le quartier St.-Germain reste désert ; l’aristocratie française n’est plus guère qu’un mannequin sur lequel les ambitieux jettent de temps à autre une robe de soie blanche afin d’exciter le taureau populaire.

Et quelle influence exerce le prolétariat sur les événements politiques et sociaux du siècle ? Aucune durable. Le prolétariat n’a pas d’existence propre ; il n’est guère que le rebut des autres classes de la population ; il n’est homogène que négativement, par la misère. Forcément, les ouvriers gravitent autour des intérêts bourgeois : l’ambition de toute leur vie est de parvenir à l’aisance. Or, l’aisance d’un homme aujourd’hui cause la gêne de dix autres. J’ai déjà dit que, dans ce monde-ci, il nous fallait mourir ou faire mourir !

Quant à ceux des prolétaires qui, comprenant la Révolution, se sont voués à sa défense, ils sont divisés par mille opinions qui diffèrent. La Liberté individuelle n’est qu’à son aurore ; l’homme est étouffé sous le parti. Le Prolétariat n’a pas encore de programme ; il est également effrayé de l’Anarchie de l’Avenir, dont il ne comprend pas la nécessité, et de l’Ordre du Présent, qu’il sait être la tyrannie.

La Bourse est le Temple et le Veau d’Or, le Dieu du dix-neuvième siècle ! Le Boutiquier nous a fait passer sous son aune ! !


X.   Que l’homme n’espère pas ressusciter les morts ! Ne comptez pas sur les nations civilisées pour régénérer l’Humanité ! Ni la guerre ni la révolution ne sortiront de leur