Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/16

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sophe, s’il le veut bien. C’est le fond qui manque le moins ; c’est le travail et la confiance en soi qui manquent le plus.

Tant que le Remords hurleur ne tourmentera point ma conscience, tant que le Doute aux dents pointues n’aura pas pénétré dans mon esprit, je dirai le fond et le tréfonds de ma pensée. Si je pouvais forcer les hommes politiques à être moins habiles !


III.   Oportet hæreses esse, disent les Livres : — Il importe qu’il y ait des paradoxes. — Il n’y a de franc, de sincèrement honnête que l’axiome et le paradoxe, c’est-à-dire la vérité nue. On cache les humeurs froides sous des faux-cols monumentaux, et sous les phrases filandreuses, des mensonges. Défiez-vous de l’homme dont le style est torturé, mosaïqué : celui dont la parole est divisée a les pensées doubles.

Il importe qu’il y ait des paradoxes. — Nous avons deux yeux, deux oreilles et deux sortes d’idées. La première impression n’est pas toujours la meilleure, non plus que la seconde ; la troisième est la bonne. Il faut que nos sensations soient étudiées, comparées, corrigées les unes par les autres. De même dans les opérations d’entendement. Un paradoxe en provoque un autre contradictoire, et de leur choc jaillit la lumière. La vérité passe entre deux raisonnements comme l’habile nageur entre deux eaux. Les hommes de parti, les systématiques, les simplistes sont borgnes d’esprit.

Il importe qu’il y ait des paradoxes. — Tout paradoxe audacieux vaut un axiome et le devient avec le temps. Je maintiendrai ; je persisterai dans le paradoxe en haine du jésuitisme et de la diplomatie, en haine des paroles oiseuses et des avocats français plus bavards que les merles à la robe noire, en haine du charlatanisme et de l’immobilisme