personne ne vous saura gré d’avoir fait comme tout le monde. Écrivez, aimez à votre heure et selon vos instincts : soyez heureux pour vous et non pour les autres. Choisissez enfin entre les partis et la liberté, entre votre opinion et celle de votre journal. Laissez le sceptre aux rois et le niveau aux tribuns du peuple, si vous trouvez que ces gens-là représentent fidèlement vos idées et vos tendances. Pensez comme quelqu’un, si cela vous convient. Moi, j’aimerais mieux ne pas penser. Je ne suis pas de force à être maître, et je ne me sens pas de faiblesse à être disciple.
VI. Cependant, j’ai lu, parce qu’on espère toujours que les auteurs se prononceront sur quelque chose, et qu’il serait bon de lire si les auteurs écrivaient avec franchise. J’ai lu parce que nous ne savons pas dire un mot sans dévorer des volumes, moi qui m’en repens comme ceux qui ne s’en confessent même pas. J’ai lu, parce que les livres ont encore ce résultat avantageux, de nous faire détester le mensonge. Je me suis inoculé le virus pour préserver mon sang d’une contagion mortelle. Sous les cieux meurtriers, en temps d’épidémies sidérantes, l’homme n’échappe à la mort qu’en courant sur elle. Puisse mon audace me sauver du naufrage de la Civilisation !
Hélas !..... je me suis laissé attirer dans tous les pièges : heureusement, jusqu’à cette heure, j’en suis sorti sain et sauf comme de celui de l’érudition.
Moi comme les autres, j’ai admiré les chefs de parti. Ainsi j’ai pu les approcher. Si tous les hommes les avaient observés d’aussi près que moi, je m’assure qu’il n’y aurait plus de partis. — Cachez-vous, tribuns ; on vous a vus !
Moi aussi, je me suis dit sectaire. Ainsi j’ai été forcé de défendre toutes les idées des maîtres, bonnes ou mauvaises. Si tous les hommes avaient soumis leur esprit à