Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/203

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despotismes qui les compriment à la moindre tentative de soulèvement. Puis, que de temps il faudrait à tous ces peuples pour concerter une action commune ! Que de luttes contre des armées innombrables ! que de chances de défaites ! Plusieurs siècles ne suffiraient point à une pareille tâche. Un mot du Tzar, au contraire, et la masse les Slaves russes roule sur le monde, comme une avalanche, entraînant les autres sur son passage. Or, quand de pareilles masses d’hommes sont en mouvement, peu m’importent les desseins de celui qui les guide, car leur chef n’est plus rien que l’esclave de leurs volontés. Et la volonté de tous les hommes les entraîne au Bonheur.

Moi qui veux le triomphe de la Révolution avant toute chose, j’appelle donc le glaive de la Russie sur la Hongrie, la Bohème, l’empire Turc et les pays slaves soumis à l’Autriche et à la Prusse.


II.   Le Tzar a l’exacte conscience de la mission de sa race ; c’est ce qui fait la force de sa politique. Il sait qu’il ne doit plus parler aux populations qui l’entourent au nom de la seule nation russe, mais au nom du Panslavisme, et qu’à de pareils appels il sera répondu par un enthousiasme général. C’est ainsi qu’il trace son chemin vers la conquête du Vieux-Continent, soulevant, au nom de la liberté, aujourd’hui la Grèce et demain la Turquie, l’Afghanistan ou la Perse, contractant des alliances avec toutes les familles régnantes de l’Allemagne[1] semant partout des agents, de l’or et des trahisons ; puis faisant son profit de toutes les divisions qu’il favorise, et s’adjugeant chaque année des protectorats nouveaux.

  1. En voir la fastidieuse nomenclature dans les Messagers boiteux, almanachs édités par les soins des bourgeois de Liège et de Bâle, et reproduite par la Nation de Bruxelles.