Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/241

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des poumons. La mort implacable moissonne avec la même faulx dans les hôpitaux des vieillards et dans ceux des nouveau-nés. À ces deux âges de la vie, la lutte est plus pénible qu’à tous les autres, parce que l’équilibre entre la résistance vitale et les obstacles extérieurs est également instable, bien que d’une façon différente. Aux organisations tout-à-fait jeunes, les objets extérieurs opposent une résistance compacte ; contre les obstacles extérieurs, les organisations décrépites ne déploient qu’une résistance insuffisante. La mort des nouveau-nés vient de l’extérieur ; celle des vieillards, de leur organisation même. Pour les uns comme pour les autres, elle est imminente.

De même pour les sociétés. Dans les premières années de leur accroissement et dans les dernières de leur décadence, elles sont totalement exposées aux émeutes sanglantes, aux insurrections stériles, aux guerres prétoriennes, aux conflits d’ambition, aux rivalités de pouvoir ; elles sont sans cesse entre la vie et la mort, en équilibre sur la pointe d’une épée. Superficiellement examiné, rien ne ressemble plus à la fin que le commencement : voilà pourquoi tant de gens soutiennent que la Russie n’a pas plus d’avenir que la France.

Mais l’extrême enfance et la vieillesse extrême ne sont que des promesses d’existence. La véritable vie, toute créature la parcourt, soit sur terre, soit sous terre : non pas entre les deux. La vie et la mort ne s’arrêteront pas pour si peu que des empires.

L’Europe actuelle sera transformée.


XII.   Je conclus :

Révolutionnez, retournez, brisez, détruisez sans crainte tout ce qui est. C’est sauver votre vie !

Il faut que les derniers deviennent les premiers… jusqu’à ce qu’il n’y ait plus ni premiers ni derniers !