Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/245

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la mise en scène du dévouement, le Calvaire du martyre ; et vous prétendez que la plus excellente vie est de se suicider lentement au moyen de la sobriété et de la vertu démocratiques.

Moi, libre mortel, immoral enfant de la corruption de ce siècle et de la fermentation du précédent, moi dont la tête ardente est remplie des paradoxes de Bentham, d’Helvetius et de Volney, je soutiens que la vie est la recherche du bonheur, et que tout ordre social qui n’emploie pas nos forces et nos ressources en nous conduisant vers ce but, nous est préjudiciable.

Non que je prétende qu’il doive exister jamais une génération d’hommes parfaitement heureux. La perfection ne peut être que relative aux temps et aux milieux : l’idée absolue que nous y attachons ne nous est utile que pour les constants efforts d’amélioration qu’elle provoque en nous. Mais bien que le problème du Bonheur soit toujours posé en avant des générations, et qu’il ne soit jamais résolu que quand elles ont passé, il n’en est pas moins vrai que l’humaniste ne peut pas décliner ce problème.

Il ne peut entrer dans le plan de ce livre d’énumérer les raisons pour lesquelles je crois que notre destinée est la recherche du bonheur. Pour ou contre cette opinion, tout a été grandement exposé depuis longtemps. Seulement, j’ai trouvé indispensable de déterminer quel but j’assignais à la destinées de l’homme, afin de pouvoir fixer la valeur de certains mots qui reviennent sur nos lèvres à chaque heure de notre vie, comme sous ma plume, à chaque page de ce livre.

Ma méthode dialectique ne peut d’ailleurs être attaquée par personne. C’est d’un point de vue indiscutable que je pars pour établir mes raisonnements : à savoir, que je recherche le bonheur, et que beaucoup de mes semblables le recherchent comme moi. Mon argumentation ne repose