Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/270

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il, dites-moi, à être né de ce côté-ci des Alpes ou de ce côté-là du Rhin ? Croyez-vous réellement que le cœur d’un noble Castillan ne bondisse pas aussi fort que celui d’un fermier de Pontoise ? Ah ! tous les hommes sont du même sang, et les transports d’amour sont brûlants sous tous les cieux !

Le véritable, le seul ennemi, c’est le maître ! Et les maîtres ne sont jamais contents ! Relisez cela dans vos auteurs français, dans La Fontaine et dans Molière, si vous ne voulez pas croire à ma parole universelle ; mais donnez, donnez vite la main à tous les peuples du monde. Demain, ce serait trop tard !


XXIX.   Dans les révolutions qui s’étendent à de grande masses d’hommes et dont le mouvement est précipité, les nations croissent et déclinent rapidement, comme les individus dans les luttes civiles. On voit alors passer sur le monde ces déluges de peuples, fléaux destructeurs qui se dispersent après avoir accompli de grands désordres et des croisements féconds. Ils ne semblent paraître sur la scène que pour préparer la demeure de ceux qui viendront après eux. Tels furent les Pélasges qui précédèrent les Grecs, les Latins et les Étrusques qui vinrent avant les Romains, les Celtes qui frayèrent aux Germains, aux Francs et aux Saxons tant de chemins vers la gloire, les Huns et les Avares qui traînèrent après eux les Slaves, Tartares et Mongols, formidables tourbillons d’hommes !

Et quand on parle de ces immenses forces armées, on n’entend pas seulement par là la masse des soldats, la matière humaine, la somme des muscles, le total des gouttes de sang. Il y a plus que cela, car le corps ne peut pas être conçu sans âme, non plus que les armées sans le sentiment qui les pousse aux grandes entreprises. Une nation qui se livre aux hasards sanglants des batailles est