sique ; ils grandissent comme de nouveau-nés, comme des plantes tourmentées par la sève. Mais l’âge vient où l’éducation doit compléter l’œuvre de la nature ; et comme les enfants apprennent de l’expérience des anciens, ainsi les peuples jeunes empruntent leurs connaissances à ceux qui les ont précédés. Au contraire, les peuples âgés ne vivent plus que par la mémoire, comme les vieillards. Alors le temps est venu où leurs descendants reprennent l’œuvre, l’œuvre toujours pressante, toujours inachevée du bonheur à réaliser ici-bas.
Ainsi se complètent sans cesse les deux moitiés de l’humanité : les enfants par les vieillards, les forts par les faibles, les femmes par les hommes, les peuples anciens par les peuples jeunes.
XXXIX. Mais si la Force et l’Idée se confondent par leur but qui est le même, la conservation de l’Humanité, elles diffèrent essentiellement quant au moment de leur action. C’est ce dont se convaincra, par l’étude de l’histoire, à chaque page, à chaque ligne, tout homme dont le jugement ne sera pas faussé par l’esprit de parti. Il apprendra : — Que toute révolution qui est dans le besoin des temps s’exécute malgré les intérêts, les partis, les forces et la morale conventionnelle qui s’y opposent ; — que l’action de la Force seconde l’influence de l’Idée ; — que les peuples ne peuvent être mêlés sans le tranchant du glaive ; — que, si l’Idée révèle les principes d’une Révolution, elle est impuissante à la faire triompher ; — que fatalement enfin, la Force réalise les doctrines contre lesquelles elle s’est le plus raidie.
XL. Ainsi que je l’ai déjà fait remarquer ailleurs, le travail de formation de l’homme, dans le sein de sa mère, s’accomplit des extrémités vers le centre : le cœur est