Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/287

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dominance momentanée de la vie organique et la réparation de la vie relative ; — afin que cette dernière se montre plus resplendissante, plus complète dans l’existence ou dans la journée prochaine.

Mais, dira-t-on, chez l’homme mort la vie organique même n’existe pas. Car cette vie se traduit par la respiration, la circulation, l’absorption, etc., etc..., actes qui cessent dès que l’homme a rendu le dernier soupir. — Je réponds : non, ces fonctions ne sont pas interrompues dans le cadavre ; seulement elles ne s’y exercent plus d’une manière aussi rapide, aussi directe, aussi intrinsèque que sur l’homme endormi ; elles ne s’accomplissent non plus en quelques instants, mais en de longs mois ; elles n’ont plus lieu d’organe à organe humain, mais d’objet à objet universel. De ce qu’il est plus général et plus lent à s’opérer, l’échange se fait-il moins pendant la mort que pendant le sommeil ? Et qu’est l’Échange, sinon la Vie ?

Je ne m’occupe que de ce résultat supérieur, essentiel : l’entretien de la vie. Que m’importent les divisions philosophiques tirées de l’étendue et de la durée ? Elles sont éphémères : nos découvertes, en agrandissant indéfiniment notre vue intellectuelle, effacent chaque jour ces divisions des feuillets usées des bouquins. Que m’importe en combien de temps, entre combien d’objets je me transforme, pourvu que ma transformation s’opère et qu’elle entretienne l’existence universelle dont ma vie dépend ? De ce que je changerai souvent de modes d’être, m’appartiendrai-je moins que si je n’étais jamais modifié ? Et quel homme n’aimerait donc pas mieux mourir à chaque heure que de vivre éternellement sous la même forme. Ce qui m’importe, c’est que, dans l’ordre de la nature, les droits de mon être éternellement changeant soient éternellement assurés contre la force de l’univers. Or, ainsi que je l’ai