Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/288

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démontré surabondamment à propos de la grande mystification divine, la Transformation révolutionnaire continue de toutes choses m’est un sûr garant de la conservation constante de ma Liberté.


III.   Un cadavre n’est pas une masse immobile. — Je ne sache rien de plus vivant qu’un cadavre. C’est un atelier toujours en mouvement, une fournaise rouge dans laquelle mille éléments divers réagissent incessamment les uns sur les autres, se heurtent, se choquent en mille sens, se décomposent et se recomposent à l’infini. Là, tandis que s’élèvent bien des germes, bien des particules usées tombent ; tandis que beaucoup de gaz montent à la surface, beaucoup de matières solides gagnent les profondeurs, et de larges flots de liquides se déplaçant à chaque instant, provoquent entre les gaz et les solides des combinaisons innombrables. Des échanges perpétuellement renouvelées s’établissent par compression, transsudation, infiltration, expansion, etc., etc., entre les diverses parties du cadavre et de l’humus, entre l’humus et l’air. Chacun de ces milieux révolutionne l’autre. Des milliers de créatures amorphes, éphémères, conduites par leurs instincts spéciaux, servent d’agents à ces réactions réciproques. Toutes les parties ne se ramollissent pas à la fois, toutes ne se dissocient pas de la même manière, toutes ne sont pas dissoutes par les mêmes liquides, toutes ne s’évaporent pas à la même température, et d’ailleurs la température n’est pas la même dans toutes les parties du cadavre. Certains tissus résistent plus longtemps que d’autres, chacun s’effleurit, verdit et s’écroule à son heure seulement, et puis tous se dispersent d’après leurs affinités.

Je demande s’il est possible de trouver quelque part une agrégation de matières organiques plus animée, plus fé-