Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/428

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crainte, prolétaire ! place ton épaule contre son épaule et tes yeux en face de ses yeux. Et tu verras s’il est beaucoup plus grand que toi, et s’il supporte longtemps le feu de ton regard !


IV. Mais on ne vous lira pas ! Mais la voix du prophète est étouffée par le poing du despote aujourd’hui ! Mais tous les partis vous sont hostiles, et les partis gouvernent l’opinion ! Mais contre vous les haines sifflent comme des couleuvres ! Entendez-les !!

Mais la France, amie du scandale, et le continent discuteur sont fermés aujourd’hui à toute libre pensée ! Mais dans ce Londres immense, noir et dernier refuge de l’examen avide, si vous trouvez un imprimeur qui vous livre ses presses au prix de l’or, vous ne trouverez pas d’éditeur qui consente à étaler votre livre à la devanture de sa boutique, pas de journaliste qui assume la responsabilité d’en parler, même en mal ; pas un acheteur ! Et parmi ceux auxquels vous le donnerez, personne ne vous en remerciera, personne ne vous en parlera même : tous le liront, mais tous le cacheront ; ce sujet sera banni du discours ! Ne savez-vous pas que contre l’audace et la vérité s’est formée de tout temps la conspiration du silence ? Ignorez-vous qu’il n’est permis à personne de marcher en dehors des trottoirs que suit la foule, et que tout le monde se boutonne jusqu’au cou pour ne pas laisser voir la place où bat son cœur ?


V. Voilà ce qu’on croit m’apprendre, à moi qui ai plus souffert que tout autre depuis que je tiens une plume, à moi qui n’ai pu savoir l’opinion de mes amis les plus intimes même toutes les fois qu’il s’est agi de mes livres, à moi longtemps renié par ma famille pour ce travail qui ne sert à rien. Eh ! qui donc saurait mieux que le