Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/429

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crime de la franchise ne se pardonne plus, et qu’en fait d’émulation, nous n’avons plus guère que celle des eunuques qui ne font rien et empêchent aux autres de faire ?

Cependant je parlerai, et l’excommunication ne pourra rien contre moi. Cependant je me réjouirai fort de la mesquine envie des hommes de mon temps. S’ils ne sont pas encore assez fiers pour exalter leur propre valeur, ils rabaissent déjà celle des autres. Nous arrivons à l’affirmation de la Liberté individuelle par la négation de toute autorité.

C’est ainsi que l’humanité procède. Après moi, les auteurs n’auront même plus, pour se faire lire, la ressource du scandale. Les hommes prennent confiance eu eux. Qui se douterait que j’étais le plus timide des étudiants de l’illustre université de Paris ?

Allons ! allons ! Les cerveaux se remplissent d’ardentes étincelles. La fauvette chante dans la haie fleurie sans se préoccuper de l’aigle qui crie sur le mont Terrible. Chacun parle dans sa langue et suit sa voie !


VI.   Je n’étais cependant pas sans espoir. Car je ne sache pas un homme qui agisse sans intérêt. Et le plus noble des intérêts, c’est, sans contredit, l’Espoir.

J’espère en la venue des Cosaques. Et, différant en cela de bien d’autres, je l’avoue. Il ne serait pas juste non plus que moi, qui annonçai l’invasion, je l’en retirasse aucun bénéfice.

Non ! ces feuilles ne seront pas toujours ballottées dans le tourbillon des haines ; elles ne seront pas éternellement déchirées par l’ongle sanglant de la Calomnie ! Non ! mon amour pour la vérité n’aura pas entièrement tourné contre moi !

J’entends la voix de l’Avenir, franche et pleine comme celle du chasseur, matinale et joyeuse comme le chant du