Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/430

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pinson. — Salut au soleil d’or sur la Sierra sombre ! Salut au jour naissant !!


VII.   Quand viendront les Cosaques, les beaux Slaves exempts de préjugés, ils liront mes livres et les feront lire à leurs enfants, et diront : Cet homme voyait clair ! Et l’Invasion détruira par le fer de sa lance les barrières intellectuelles qui séparaient les nations ; dans ses bras géants elle prendra tous les hommes et les poussera les uns contre les autres. Et l’Idée frémissante, indomptée, suivra les peuples en marche, les peuples libres d’épouvantements !

Pazienza ! La dernière heure des nuits est toujours la plus noire. Le bruit de la tempête est loin derrière moi. Le Printemps nous apporte dans les plis de sa robe la fraîcheur et le murmure des ruisseaux argentés. À l’Orient s’élève la fanfare des trompettes ; le canon gronde dans les monts sourcilleux ; le coursier d’Ukraine a bondi sous son cavalier qui chante : Salut au jour naissant !!


VIII.   Toute chose suit les lois de son développement. Une idée subit le temps de gestation nécessaire dans le cerveau qui la conçoit ; — elle naît à son heure. Émise trop tôt, elle viendrait au monde avortée ; émise trop tard, elle y viendrait asphyxiée, plantureuse. L’auteur, comme le lecteur, n’oublie rien, n’apprend rien qu’en méritant ; c’est par le travail qu’il recrée les choses à son image. La pensée qui m’arrive, je dois la faire mienne par la réflexion. La pensée que j’émets, les autres doivent la faire leur avant de la rejeter ou de l’admettre. L’auteur ne diffère du public que par la témérité qui lui fait découvrir une idée et par l’opiniâtreté qui la lui fait poursuivre. Bien maladroit celui qui ne saurait pas tailler dans l’ample manteau de l’audace le frac étroit du raisonneur !

L’oiseau de feu, le bel oiseau des monts qui se plaît dans