Gotha, de Hapsbourg, de Hanovre et de Savoie, et vous les Bourbons de tous royaumes ! descellez vos tombeaux : accourez voir vos fils qui partent pour la guerre ! Alleluia !!
À Pétersbourg, à Munich, à Londres, à Berlin, à Bruxelles, les portes des palais ont roulé sur leurs gonds, et les souverains se sont montrés aux regards des nations étonnées de les voir marcher ! Alleluia !!
Depuis tantôt quarante ans, ils étaient morts. Mais aujourd’hui, la colère est montée sur leurs fronts blêmes ; leurs yeux ternes sont rouges de sang. Ils vont à Vienne, la ville de sinistre augure où le glaive de Waterloo, sanglant encore, découpa sur la carte d’Europe des nationalités esclaves ! Alleluia !!
Quand l’épervier plane au haut des cieux avant de fondre sur sa proie, les petits oiseaux remplissent l’air de leurs cris ! Alleluia !!
Louez donc le Seigneur, peuples ! revêtez vos habits de fête, jetez des fleurs et des jeunes filles sur le chemin des rois ! Alleluia !!
Courez aux églises ; suspendez-vous aux cloches ; faites fumer les cierges et les encensoirs comme aux fêtes des reliques ! Alleluia !!
Pavoisez vos maisons aux couleurs de l’Autriche : rouge, noir et jaune. Car rouge veut dire guerre ; noir signifie mort, et jaune, ignoble débauche d’amour. Or, voici : la guerre va sortir de la maison d’Autriche, et plusieurs nations seront frappées de mort ; et toutes les races se croiseront dans une épouvantable promiscuité ! Alleluia !!
Voici le Printemps, la Pâques des peuples, l’heureuse saison où Jupiter enleva la belle fille d’Agénor ! Alleluia !!
Les vaisseaux serpentent à travers les glaciers ; dans la prairie l’herbe pousse ; l’arbre pleure ; les bourgeons du saule et du peuplier ont répandu leurs parfums ! Alleluia !!