Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/435

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En quoi serait donc irrationnelle cette proposition que j’avance et qu’en son lieu je démontrerai : à savoir, que les âmes renaissent à l’instant où périt l’argile, et qu’elles s’unissent aux corps d’enfants qui viennent au monde ?

En sorte que l’homme se recrée de l’homme, dans sa pensée comme dans son corps ; en sorte qu’entre la vie sus-terraine et la vie sous-terraine s’établit un échange non interrompu ; en sorte que jusqu’ici nous n’avons eu conscience que de la moitié la plus courte et la plus mesquine de notre existence.

La vérité est là !

Chaque fois que je renaîtrai, je me rappellerai les jours fortunés de ma première jeunesse !

Alors que les fanfares du cor radoteur m’éveillaient sous le toit de quelque ferme isolée ; alors que je faisais reluire sous la laine les canons bronzés du fusil, et que je détachais les chiens ardents.

Oh ! que la nature me semblait belle avec ses brumes d’automne que déchirait le soleil ! L’air vif pénétrait jusqu’au fond de mes poumons avides, et mesurant du regard la vaste plaine, je m’élançais pour la parcourir avec le jour !

Ainsi chaque fois que je reviendrai sur la terre, le soleil de la vérité me semblera plus éclatant, les brouillards de l’injustice moins épais, la vie moins aride, le but plus rapproché, les hommes meilleurs, la terre plus riante et plus féconde.

L’Espoir est le bon génie de l’homme qui s’éveille.


J’aime mieux, une fois pour toutes, assigner un terme éloigné à la Révolution que de l’entendre annoncer chaque jour par les révolutionnaires de profession auxquels chaque jour apporte un nouveau démenti. Ainsi, je sais sur quoi compter, en quoi ne pas placer ma confiance.