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tions sans principes, des Césars sans prestige, des Cicérons aux doucereuses paroles ! Je puis me tromper, comme tout autre, dans mes espérances d’avenir. Mais, déception pour déception, je préfère garder ma grande foi dans la vie future !


XII. — UNE CONDAMNÉE.


De profondis !


Décadence ! Dissolution ! Mort ! telle est la destinée prochaine des nations civilisées de l’Europe ! Mort par défaut d’air, d’aliments, de sang et de forces : la plus inévitable des morts !

Que les nations bourgeoises en prennent leur parti ; qu’elles tombent à genoux ; qu’on leur coupe les cheveux et qu’on leur fasse la toilette des morts !

Que les soldats mènent deuil ; qu’ils portent leurs fusils la crosse en l’air ; que les tambours, couverts de crêpes, battent le roulement des morts !

Que les prêtres endossent les surplis noirs ; qu’ils bénissent l’eau salée ; qu’ils chantent les prières des morts !

Qu’on prépare des chars funéraires comme aux jours des grands fléaux ; qu’on les attelle de chevaux noirs ; qu’on les revête de linceuls parsemés de larmes ; qu’on les couronne de sombres feuillages et de rameaux de cyprès aimés des morts !

Qu’on creuse des fosses communes ; qu’on y jette le soufre, la chaux et l’eau chlorurée ; qu’on y brûle les essences qui désinfectent l’air des émanations des morts !

Qu’on mande le confesseur ; que l’exécuteur aiguise le coutelas d’acier ; que les vieillards s’agenouillent et que les enfants s’enfuient comme aux agonies des morts !

Que les peuples vieillis placent leurs têtes sur le billot ; qu’ils meurent plus courageusement qu’ils n’ont vécu ; que