couent leurs torches sur l’humanité sont, relativement, forts ou faibles. Or, les Dieux les plus forts seraient bien ineptes s’ils ne faisaient pas sentir leur force aux autres. Jéhovah ne se montra pas si débonnaire quand il fit décrire au Prince des ténèbres cette immense parabole soufrée que le grand Milton nous dépeint avec tant d’éclat.
Or il me paraît à moi, — et bien malin qui me prouvera le contraire, — il me paraît que Nicolas-le-Roux va jouer vis-à-vis du Napoléon à l’œil de faïence le rôle que Jéhovah remplit si impitoyablement à l’égard de Lucifer. Il ne dépend pas de moi de n’être pas de la race des prophètes : genus irritabile valum ; — et je vois d’ici le Napoléon-Tête-de-bois, dessinant sur le planisfère une incommensurable ellipse et s’échappant à grand’peine par une tangente dangereuse ! Les empereurs qui sont tout-puissants peuvent bien se permettre de singer les Dieux. Le droit de régner et de punir de Dieu n’est fondé que sur sa force, dit Hobbes. J’en dis autant de tous les hommes qui invoquent encore le saint nom de Dieu sous quelque ritournelle que ce soit. Ah ! si les hommes pensaient un peu plus à ce mot qu’ils répètent tout le long du jour, ils seraient bientôt convaincus que par ces deux mots, Dio è il Popolo, il faut entendre : un Maître et un Esclave. Que la Jeune-Italie s’en préoccupe davantage !
V. Voyez un peu à quoi tient l’approbation ou la désapprobation du public ! Que je dise : Dieu, cause providentielle de tout mouvement universel et supérieur, Dieu est infiniment bon, infiniment aimable, plein de sollicitude et de miséricorde pour nous....... Que je dise cela, et tout le monde bat des mains ! Et Messeigneurs Sibour et Pierre Leroux me canonisent ! Et me voilà le plus moral les hommes et le plus orthodoxe des révolutionnaires !