Page:Ernest Renan - Le livre de Job, Calmann-Levy, 1860.djvu/54

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contredisent ; de longues parenthèses interrompent çà et là les plus beaux morceaux ; des finales sans vigueur nuisent parfois à l’effet des mouvements les plus heureux. L’idée d’interpolation se présente d’elle-même pour expliquer ces taches, incompatibles, selon notre manière de voir, avec l’art merveilleux que trahissent la composition générale de l’ouvrage et le tour achevé de quelques parties.

Une circonstance, cependant, doit inspirer, quand il s’agit d’inductions de cette nature, une certaine timidité. Les Hébreux, et les Orientaux en général, avaient sur la composition des idées fort différentes des nôtres. Leurs œuvres n’ont jamais eu ce cadre parfaitement défini auquel nous sommes habitués, et il faut se garder de voir des interpolations ou des retouches partout où nous trouvons des manques de suite qui nous étonnent. Ainsi, après avoir répondu à ses trois amis, Job prend la parole deux fois de suite. Elihou se reprend à quatre fois, et chacun de ses discoure a un exorde et une pérorai-