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BIOGRAPHIE ET CORRESPONDANCE

transport et qui avaient été conservés hors de terre, enveloppés dans des linges peu serrés, jusqu’à leur arrivée ici.

Je n’ai pas cultivé depuis déjà plusieurs années le Momordica[1], parce qu’il exige d’être placé dans un endroit bien exposé et ensoleillé ; autrement il ne parvient jamais à mûrir ses fruits. Mais pour quelle raison Fidler croit-il que cette plante peut se conserver ? Car elle est annuelle et il faut la semer tous les ans. Or je désire que tu avertisses ceux à qui lu envoies des graines de plantes bulbeuses, de les semer avant l’automne prochain (l’automne est, en effet, la saison pendant laquelle ce semis doit être fait), parce que s’ils les sèment au printemps, ce sera peine perdue. C’est au printemps qu’on doit semer les plantes annuelles qui sont délicates, comme le Momordica, les Concombres, les Courges, les Melons ; mais les autres plantes, plus vigoureuses, bien qu’elles soient également annuelles, peuvent être semées à l’automne, et cela grâce à la force de leurs racines : aussi doit-on le plus souvent confier leurs graines à la terre en cette saison, alors même qu’on pourrait le faire au printemps.

Lorsque l’Illme Princesse viendra ici, je lui présenterai tes salutations. Mais je te prie de me faire savoir si, l’été prochain, je dois envoyer quelques bulbes et de leurs graines au médecin de Séville, ou bien si, en raison de ta familiarité avec lui, tu peux t’en charger toi-même ?

Adieu et porte-toi bien. Leyde, 16 Février 1595.

Ton bien affectionné,
Carolus Clusius.

J’ai terminé le Vle Livre de mes Observations ; maintenant, quand j’aurai le temps, je commencerai à écrire l’histoire des fruits exotiques.


  1. Momordica Balsamina L.