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DE CHARLES DE l’ESCLUSE

II — CHARLES DE L’ESCLUSE ET
PARMENTIER


Sous avons signalé ici même, et avec plus de détails dans notre Histoire de la Pomme de terre, l’important service rendu jadis par Charles de l’Escluse, grâce aux distributions qu’il avait faites, surtout en Allemagne, où il résidait alors, du précieux tubercule. Nous avons pu établir, avec preuves à l’appui, que cette Pomme de terre rougeâtre, qu’on pourrait appeler la Pomme de terre de Charles de l’Escluse, dont il avait fait connaître la grande productivité et le mérite culinaire, ne s’était pas perdue à la fin du xvie siècle, car des jardins de l’Allemagne elle s’était répandue presque aussitôt en Suisse, pour gagner de là en peu de temps, d’un côté la Franche-Comté et la Bourgogne, et de l’autre le Dauphiné et le Vivarais, En 1685, elle avait même déjà pénétré dans Paris.

Cette Pomme de terre fut seule cultivée en France jusque vers le milieu du xviiie siècle. A partir de cette époque, on commençait à parler avec elle, d’une autre variété à tubercules blanchâtres ou jaunâtres, d’origine anglaise, récemment introduite. Or ces deux variétés sont signalées par Bonnelle[1], comme étant cultivées en 1766 dans l’Artois, La pomme de terre rougeâtre de Charles de l’Escluse se trouvait

  1. Le Jardinier d’Artois, par Bonnelle (Arras, 1766). — « La figure de son fruit [tubercule] est capricieuse, inégale, dit-il ; les unes sont plattes, ovales, rondes, bossues, grosses, lisses, charnues, roussâtres au dehors, blanches en dedans, d’un goût doux et restaurant : au reste, tout le monde la connait. Il y en a une seconde espèce, qui ne diffère qu’en sa couleur : elle est blanche, et elle devient plus forte et plus grosse. »