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BIOGRAPHIE ET CORRESPONDANCE

n’est pas étonnant que j’attende avec ardeur les Pierres et autres curiosités que tu m’as promises.

Je suis resté à Malines pendant deux mois et je dois y retourner, Dieu aidant, pendant huit jours : je m’occupe de faire terminer les figures des plantes que j’ai observées en Espagne, et dont pendant ce temps j’écris l’histoire. J’espère en faire connaître un nombre de deux cents, qui n’ont été jusqu’ici décrites par personne, hors seulement quelques-unes, peut-être une vingtaine, qui l’ont été assez mal par d’autres. J’ai trouvé un peintre dont je suis content. Plaise à Dieu que le graveur soit aussi exact.

Dodoens a livré au typographe de Plantin son Stirpium Coronariarum Historia : nous le posséderons pour les prochaines foires, si je ne me trompe. Je ne puis éditer mon Histoire avant l’été prochain, à cause des retards du graveur.

Je félicite Biesius[1] sur sa situation honorifique et lucrative, car il est digne d’être favorisé de la fortune en raison de son érudition singulière. Mais en ce qui concerne la question religieuse, il est toujours le même, et c’est pourquoi Thomas et moi, lorsque nous avons quitté la France pour nous rendre à Louvain, nous n’avons pas voulu nous installer chez lui. Et, en effet, Thomas s’était un peu plus scrupuleusement informé s’il nous fallait chaque jour entendre la messe et plusieurs autres choses ejusmodi farinæ, ce qui était plutôt l’affaire d’un Théologien superstitieux que celle d’un philosophe libre et d’un médecin. Les troubles de France ont rendu un peu plus doux le joug des Espagnols. Plusieurs disent qu’il s’est élevé un différend entre le Roi et le Prince ; d’autres le nient. Ce qui est certain, c’est que la tyrannie des Espagnols, qui a suivi la victoire du Roi, dans ces régions, est intolérable. Dieu veut certainement abattre l’état florissant et l’orgueil de ce pays, pour que les malheureux opprimés reviennent à lui, qui est le dispensateur de tout bien, et le reconnaissent et le révèrent.

  1. Nicolas Biese, de son nom latinisé Biesius, professeur à l’Université de Louvain, venait d’être nommé médecin de l’Empereur Maximilien II.