Page:Ernest Roze - Charles de l'Escluse, 1899.djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
57
DE CHARLES DE L'ESCLUSE

rerais que ma situation nécessiteuse fût connue de quelque personne, et surtout de Brancion lui-même, montrés grand ami[1]. Aussi, pour les mêmes raisons que Ta Seigneurie peut aisément soupçonner, je m’adresse à toute sa générosité, et je la supplie et l’implore pour qu’elle daigne venir en aide à ma malheureuse situation, jusqu’à ce que Dieu me regarde d’un œil favorable. Je la supplie en outre de ne pas se fâcher de mon peu de honte, ce qu’excuse l’urgente nécessité. Il m’appartiendra de prier Dieu tout puissant en faveur de Ta Seigneurie, non seulement pour son voyage, mais pour qu’elle soit toujours heureuse, et qu’il m’accorde quelquefois la possibilité de prouver à Ta Seigneurie toute ma gratitude. Porte-toi bien, cher Rediger, et veuille présenter mes salutations à Neodicus, et à Materne, s’il est de retour, ainsi qu’à son épouse.

Carolus Clusius, très dévoué à Ta Seigneurie.

XXVII

À Thomas Rediger, à Cologne.


S. P. — Il m’a été très doux d’apprendre, cher Rediger, que Ta Seigneurie m’a approuvé de lui avoir dépeint, ainsi que je l’ai fait, ma très pénible situation. Plût à Dieu qu’il m’eût favorisé à ce point de me permettre d’exercer les forces de mon faible esprit sur des choses plus relevées, et de méditer sur cette affaire qui, si elle

  1. « Jean de Brancion, cet ami, dit Charles de l’Escluse, qui m’est très cher et qui m’a toujours tenu lieu d’un frère, nous fut enlevé en février 1575, à notre très grande douleur » (Rar. pl. Hist., pp. 263 et 319).