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frimaire, conformément à l’article 10 de celle du 19 floréal. » Le 30 thermidor an II (17 août 1794) les juges de Laon déclarèrent qu’il n’y avait point lieu à accusation.

Babeuf, dès la rescision du premier jugement, était revenu à Paris. Son emprisonnement avait duré sept mois. Nous le voyons, le jour de son incarcération, prier sa femme de le recommander à l’amitié d’un citoyen Garin. Et dès sa rentrée à Paris, il écrit au même Garin : « Citoyen, pendant près de six mois j’ai été attaché à vous et à votre cause. Je vous trouve d’une insouciance que je ne parviens pas à m’expliquer. Je termine en vous donnant avis que, parce qu’il faut que je mange et que je fasse manger d’autres, je suis retourné à ma place[1]. » Quelle est cette cause secrète à laquelle il avait été attaché pendant six mois ? Nous n’avons pas pu le découvrir. C’est au cours de l’an II que l’attention de Babeuf commence à se porter sur l’idée de conspiration un de ses biographes déclare avoir vu à l’état de manuscrit prêt pour l’impression une Histoire des Conspirations et des Conspirateurs du département de la Somme, que Babeuf aurait écrite à cette date[2].

  1. Garin jeune (François-Etienne), a signé avec Thomas, syndic, et Saulgeot, adjoint, un Mémoire pour la communauté des maîtres boulangers de la ville et faubourgs de Paris (contre les monopoleurs de grains et farines). Le mémoire fut présenté au roi le 19 février 1789, poursuivi par devant le Parlement de Paris, le 24 mars et non condamné (H. Monin, Etat de Paris en 1789, pages 242-245). Dauban, dans son ouvrage sur la Démagogie en 1793, page 246, reproduit une note manuscrite tirée des archives, sous ce titre « Résultat de la conférence qui a eu lieu entre le ministre de l’intérieur, les commissaires du département de Paris, de celui de Seine-et-Oise, le maire de Paris et le citoyen Garin, le 24 juin 1793, sur la loi du 4 mai précédent. »
  2. Il y aurait eu aussi dans ses papiers une Histoire nouvelle de la vie de Jésus-Christ, composée en l’an II. Sauf dans le nº 28 du Tribun du Peuple, où la mutilation des églises est approuvée, nous n’avons trouvé dans les écrits de Babeuf aucun passage irréligieux. Dans une lettre à Thibaudeau et à Maréchal du 7 jan-