Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/161

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

venons de voir que les reptiles y dominaient ; leur empire était une mer immense. Plusieurs étaient exclusivement habitans des grandes eaux ; d’autres étaient amphibies ; d’autres enfin se tenaient à terre et rampaient autour des savanes que couvrait une végétation luxuriante. Étendus sur le sable au bord des golfes, des lacs et des rivières, ceux-ci faisaient étinceler sous un soleil équatorial leur armure métallique ; tandis que ceux-là se couchaient mollement à l’ombre de grandes arundinacées, de bamboux, de palmiers et d’autres plantes monocotylédones à hautes tiges. Il n’est pas aussi difficile qu’on pourrait le croire de reconstruire ce moyen âge de la terre. La géologie, quoique née d’hier, a ramené de ses fouilles de nombreux enseignemens. Ce ne sont pas seulement quelques individus fossiles qui ont revu le jour ; mais des œufs de reptiles, des excrémens recueillis religieusement par la science, des empreintes de pas, sont encore venus révéler l’existence de certains animaux qu’on ne retrouve plus et les mœurs de ceux qui se sont conservés dans nos couches. Une seule armoire contient ces faibles vestiges d’une nature perdue ; mais pour le savant qui médite, cette armoire est un monde. Vous pouvez voir vous-même sur le grès rouge la trace des pas d’une tortue qui a marché là, dans un temps où ce grès n’était pas encore solidifié. Voilà un simple animal dont la nature a pris soin d’éterniser le passage sur la terre. Allez donc maintenant chercher l’empreinte victorieuse des pieds d’Alexandre, de César ou de Napoléon sur le théâtre de leurs conquêtes ! Mais ce qui mérite encore plus