qui attestait leur langueur. Pour les rendre utiles à l’instruction publique, les ménageries doivent être construites de manière que les animaux, de quelque espèce qu’ils soient, jouissent de toute la liberté qui s’accorde avec la sûreté des spectateurs, afin qu’on puisse étudier leurs mœurs, leurs habitudes, leur intelligence, et jouir de leur fierté naturelle dans tout son développement… Que tout reprenne ici une nouvelle vie par vos soins, et que les animaux destinés aux jouissances et à l’instruction du peuple ne portent pas sur leur front comme dans les ménageries construites par le faste des rois, la flétrissure de l’esclavage ; que l’on puisse admirer la force majestueuse du lion, l’agilité de la panthère, ou les élans de colère et de plaisir de tous les animaux. »
Ce programme d’une ménagerie libre, tracé le 21 frimaire an iii, par le génie républicain, n’avait guère été suivi d’exécution. Le lion, si majestueux dans sa démarche, ne présente encore, au fond de sa cage, que le spectacle attristant de la force enchaînée ; le tigre, le jaguar, la panthère, tous ces impétueux enfans de la sauvage nature, capables de franchir le désert en trois bonds, usent la couronne de leur noble tête contre le voile de fer qui comprime chez eux la puissance des mouvemens. La science paraît aujourd’hui touchée de la dure captivité de ses sujets. On a le projet de donner plus d’étendue aux loges des carnassiers. Il est même question d’établir des loges doubles qu’on réunirait par un espace libre, et dans lesquelles on recevrait des ménages de lions. Le mâle et la femelle de ces animaux, dits féroces, pourraient