Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/373

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dans les familles. Quel rapport entre un poète dramatique et un boucher ? Lorsqu’on se récriait contre cette assimilation bizarre, Gall avait coutume de répondre : Tel qui avec le même organe solitaire aurait fait un assassin, un boucher ou un bourreau, peut devenir un grand poète dramatique, lorsque le sentiment de l’idéal et la passion du beau transportent ses instincts dans l’imagination.

Les autres crânes qui nous restent à visiter, ont appartenu à des amis ou à des maîtresses du docteur. L’explication de leurs organes donnait lieu à de petites silhouettes de caractères où l’esprit fin et observateur de Gall se montrait dans toute sa netteté. Voici comment notre interprète a traduit le langage de la nature sur le crâne de la comtesse Oro : « Jalouse, altière, ambitieuse, active, infatigable, persévérante, encline à la querelle, et sans cesse prête à frapper son amant ou ses domestiques. Elle se livrait à l’amour et au jeu avec ardeur. Elle avait beaucoup de pénétration, de cette sagacité qui distingue les femmes et qui ressembles un instinct particulier. » La comtesse Oro, malgré ses défauts, et peut-être à cause de ses défauts, était une femme tout-à-fait dans l’idéal du docteur. Ce maître de la science enseignait que chaque sexe était lié à un ordre de pensées et de sentimens infranchissables. « Ce n’est pas l’éducation, disait-il dans ses cours, mais la nature, qui, moyennant une organisation variée, a assigné in chaque sexe sa sphère particulière d’activité morale et intellectuelle. » Pour mieux faire comprendre son idée, il montrait la tête d’une petite fille de six ans qui était très tendre et très soi-