Page:Essai sur la régénération physique, morale et politique des Juifs.djvu/29

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il est permis de ne le concevoir pas, & de ne le croire qu’avec peine. Et comment donc a-t-on pu croire universellement des crimes destitués de preuves ?

Pour le concevoir, figurez-vous être dans ces siecles du moyen âge ; siecles brillans où les Docteurs avoient le secret d’expliquer tout. Une mortalité se manifeste, telle que la peste de 1348, qui enleva le tiers de l’Europe ; les profonds spéculateurs de ce temps se proposent de connoître, & de faire connoître la cause de la contagion. Ils se gardent bien de consulter la nature, tandis qu’ils ont en main une foule de traités de omni scibili. On pourroit au besoin faire intervenir la sympathie, la magie, les causes occultes, mais on préfere d’attribuer au poison les ravages de l’épidémie. Dès-lors, il est décidé que les Juifs sont auteurs des fléaux dont il plaît au ciel d’affliger la terre : personne n’en a été témoin, mais tout le monde l’assure. D’ailleurs ils ont un idiome inconnu au vulgaire ; & peut-on parler hébreu, si ce n’est pour tramer des crimes ? Ils se sont concertés avec les Rois Musulmans pour faire périr tous les Chrétiens : ce projet a été confié à toute la nation hébraïque, parmi laquelle il ne s’est trouvé aucun indiscret ; elle a eu le talent de découvrir & de répandre à propos un poison aussi inconnu