Aller au contenu

Page:Etienne-Gabriel Morelly - Code De La Nature.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Nature, que les sociétés des premiers chrétiens, entre lesquels tous biens étaient communs, selon le témoignage de saint Bernabé, saint Justin, saint Clément d’Alexandrie, saint Cyprien, et de Lactance, Origène, Arnobe, auraient eu une bien autre influence sur la vie sociale des peuples, si ces vrais humains ne s’étaient pas fait un mérite de ne pas laisser de descendants. Au lieu de renverser les monastères, et de s’extasier niaisement sur les richesses immenses que certains d’entre eux avaient acquises, il eût fallu les imiter, et construire, pour des populations industrielles, des habitations communes. C’est l’avis d’un philosophe protestant, qui ne peut être suspecté de faire l’apologie de la vie monastique. « Les travaux, dit-il, sont toujours mieux exécutés par des hommes qui agissent en commun que lorsqu’ils travaillent séparément. Il y a plus de dessein, plus de constance à suivre un même plan, plus de force pour vaincre les obstacles, plus d’économie. Sans l’exactitude à suivre une règle, les plus grandes ressources sont inefficaces ; leurs effets s’éparpillent, pour ainsi dire, et ne tendent plus au bien commun. C’est à eux et à la bonne conduite de leurs successeurs que les couvents sont redevables des biens dont ils jouissent. Pourquoi n’en jouiraient-ils pas ? Imitons-les sans en être jaloux. Quant à moi, je vois ces établissements avec d’autant plus de plaisir que ce n’est pas la jouissance d’un seul homme, mais de plusieurs, et sous ce point de vue je ne saurais leur souhaiter trop de bonheur… Ils peuvent se maintenir dans un état d’honnête abondance, parce qu’ils font plus rendre à la terre et que rien ne se dissipe. Il serait à souhaiter, pour le bonheur des hommes, qu’il en fût de même partout » (Lettres sur l’Histoire de la terre, par Deluc, tom. IV, p. 72).

Nous ne déroulerons pas toutes les conséquences et tous les avantages que pourrait avoir l’application du sys-