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Page:Etienne Falconnet - Oeuvres complètes, tome 1, 1808.djvu/104

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mille ſtatues ſur un théâtre qui n’étoit conſtruit que pour un temps fort court. Mummius, après ſa conquête de l’Achaïe, en remplit la ville : pour lui, il mourut ſans laiſſer de dot à ſa fille ; car pourquoi ne pas dire ce qui peut l’excuſer ? Les Lucullus y en apporterent aussi beaucoup. Mucianus, trois fois conſul, a écrit qu’à Rhodes on voit encore trois mille ſtatues. On croit qu’il n’en reſte pas moins à Athenes, à Olympie & à Delphes. Quel homme pourroit en rendre compte ? ou de quelle utilité ſeroit leur connoiſſance ? Il pourra cependant être agréable de trouver ici quelque choſe ſur les ouvrages les plus célebres en ce genre, & que des raiſons particulieres ont rendus remarquables, ainſi que les noms des artisſes célebres ; auſſi bien le détail particulier de la multitude des ouvrages ſeroit-il impoſſible, puiſque Lyſippe ſeul a fait, dit-on, quinze cents morceaux, tous avec tant d’art, qu’un ſeul eût ſuffi pour l’illuſtrer (16). On en ſut le nombre après sa mort, quand son héritier ouvrit ſon trésor ; car il avoit coutume, ſur le prix qu’il recevoit de chaque figure, de mettre à part une piece d’or. Les progrès de cet art ſont incroyables, tant par ſes ſuccès, que par ſa hardieſſe. Pour preuve des ſuccès, je rapporterai l’exemple d’une figure qui n’étoit ni de dieux, ni d’hommes. Avant le dernier incendie qui consuma le Capitole lorſque la faction de Vitellius y mit le feu, nous y avons