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Page:Etienne Falconnet - Oeuvres complètes, tome 1, 1808.djvu/105

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traduction du xxxiv livre

vu, dans la chapelle de Junon, la figure en bronze d’un chien léchant ſa bleſſure : on peut juger combien le travail en étoit ſupérieur & la vérité parfaite, non ſeulement par le lieu où étoit cette figure, mais encore par la nouveauté du cautionnement ; car n’eſtimant pas de ſomme qui pût la payer, on ordonna par un décret public que les gardiens en répondroient ſur leurs têtes.

section dix-huitieme.
Des coloſſes les plus célebres à Rome.

Pour la hardieſſe, il y en a des exemples innombrables, puiſque nous voyons qu’on a imaginé des maſſes énormes de ſtatues appellées coloſſales, qui ſont égales à des tours. Tel eſt l’Apollon du Capitole, tranſporté d’Apollonie, ville de Pont, par M. Lucullus : il a trente coudées de hauteur, & avoit coûté cinq cents talents. Tel eſt le Jupiter du champ de Mars, conſacré par l’empereur Claudius, & qu’on appelle Pompéien, parcequ’il eſt proche du théâtre de Pompée. Tel est celui de Tarente fait par Lyſippe : il a quarante coudées (17). Ce qu’il y a d’étonnant, c’eſt que par la justeſſe de ſon équilibre, on peut, dit-on, le mouvoir à la main, ſans qu’aucun ouragan puiſſe le renverſer. On dit que l’artiſte a prévenu cet inconvénient, en oppoſant une colonne à peu de diſtance de la ſtatue, du côté où il falloit principalement rompre le vent.