roit-il pas ſubi le fort de la bibliotheque & des autres manuſcrits ? Ils furent volés, égarés, diſperſés, rendus en partie, & quelques uns perdus ſans ressources. Mais copioit-on encore des manuſcrits auſſi volumineux dans un temps où l’imprimerie commençoit à être connue ? Sans doute on en copiait encore, quand un roi les faiſoit faire.
Voilà ſeulement des préſomptions hiſtoriques, auxquelles je pourrois en ajouter d’autres ; mais ce ne ſeroient pas des preuves. Ce que je puis dire de plus certain, eſt que le manusſcrit de Pétersbourg vient d’un autre, & que, s’il a des défectuoſités qui ſeules n’en feroient qu’un écrit mépriſable, il a auſſi des leçons particulieres qui le rendront précieux, puiſqu’on ne les trouve ni dans les imprimés ni dans les autres manuſcrits. Quelques informations que j’aie faites, je n’ai pu rien apprendre à la bibliotheque impériale ſur l’origine de ce manuſcrit. L’impératrice, à qui j’ai pris la liberté de m’en informer, ne ſe ſouvenoit absolument plus d’où il lui étoit venu ; ce fut la réponſe qu’elle daigna me faire. Je vais donc l’interroger lui-même.
M. le comte de la Tour-Rezzonico nous a donné ſes notices ſur les divers manuſcrits de Pline. Il ne connoît celui-ci que de nom (ſans doute par le catalogue de la bibliotheque impériale), & conjecture qu’il pourroit venir de celle du prince de Gottorp, in principe Gottorpenſi bibliotheca. Il ſouhaite que l’impératrice le faſſe examiner par le très ſavant Euler ou par quelque autre académicien. (Voyez la page 631 du 12e volume de M. Poinſinet). Il ajoute, page 539, que ce manuſcrit fut connu de Daléchamps ; cela pourroit être. Mais avant d’arriver à Pétersbourg, il est possible qu’il ornât la bibliotheque de Radzivil, qui fut pillée par les troupes ruſſes. Le catalogue de M. Bacmeiſter, imprimé en 1776, dit, pag. 61 : ” La nombreuſe collection de livres gardée juſqu’alors à Neſvitz, en Lithuanie, fut apportée & ajoutée à notre bibliotheque… Une choſe étonnante, c’eſt que la guerre, par-
