Page:Eugène Le Roy - Au pays des pierres, 1906.djvu/44

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Le jeune homme, ravi de cette invitation, ouvrit la claire-voie et s’approcha. Elle était là, celle qui hantait sa pensée nuit et jour, debout après avoir vidé son panier dans la comporte. Sur ses joues roses, quelques cheveux, échappés de ses bandeaux épais, voltigeaient, agités par un petit vent frais ; et à l’ombre de son grand chapeau de paille, ses yeux eurent une expression de douceur pénétrante lorsqu’elle répondit au salut de son amoureux.

— Petite, dit le coutelier, présente un raisin à M. Kérado… de ces pieds-de-perdrix, là-bas… tu sais…

— Oh ! mademoiselle, je ne voudrais pas vous donner cette peine ! fit-il.

Un regard de l’enfant lui répondit que ce n’était pas une peine, mais un plaisir très grand. Elle prit dans la grange son petit panier de vîmes blancs à mettre le raisin de table, et s’en fut à la cueillette.

Pendant ce temps, le père et l’amoureux causaient, et, incidemment, Mauret dit que le rasoir n’était pas prêt, mais qu’il le serait à la fin de la semaine, sans faute ; à quoi répondit Kérado qu’il n’en était pas pressé, en ayant un autre.

Reine revint bientôt avec les grappes bien arrangées sur des feuilles fraîches, et, tenant son panier à deux mains, comme une corbeille, elle les offrit à son galant.

Lors, enhardi, lui dit :

— Mademoiselle, vous vous y connaissez mieux que moi… Voulez-vous me choisir une grappe ?

Maurette prit la plus belle, et, la tenant par la queue, l’offrit au jeune homme.