Page:Eugène Le Roy - Au pays des pierres, 1906.djvu/68

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Quelle joie elle eut de pénétrer dans la chambre de son amant ! Elle éprouvait des curiosités d’enfant à regarder les gravures accrochées aux murs, le râtelier des pipes, les pistolets à canons bronzés ; les épées, les fleurets, les gants et les masques en panoplie ; deux petits portraits de famille et les livres épars sur une table.

Et puis Yves lui montra ses trésors : des brins de réséda, des fleurs, précieusement encadrés sous verre, avec des dates ; des bouts de ruban, des lettres, et enfin, dans un médaillon grand comme un reliquaire, la longue mèche de cheveux qu’elle lui avait donnée.

Le matin, lorsqu’elle rentra furtivement avant l’aube, elle vit, en traversant la petite cour, de la lumière dans la mansarde de Capdefer. Elle remonta légèrement et se mit au lit, en se demandant ce que cela signifiait. « M’aurait-il épiée ? » se demandait-elle. Cependant, comme au dîner le Tétard se plaignit d’un mal de dents qui l’avait réveillé la nuit, elle se rassura.

Quelques jours après, Kérado, promenant un soir ses pensers amoureux sur le chemin des Jouvencelles, fut heurté dans l’ombre par un quidam, intentionnellement à ce qui lui sembla :

— Maladroit ! fit-il.

Au même instant l’inconnu le saisit à la gorge et s’efforça de le renverser. Mais le Breton, habile à la lutte comme ceux de son pays, se débarrassa de la main qui lui serrait le cou et saisit l’homme à bras le corps. Ils luttèrent un moment sans résultat. Tous