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Page:Eugène Le Roy - Carnet de notes d’une excursion de quinze jours en Périgord, 1901.djvu/12

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Le lendemain après déjeuner, nous prenons congé et, conduits par le brave Gustou, nous partons pour Saint-Vincent-de-Connezac où je compte trouver un moyen de transport pour Échourgnac. Nous passons à l’Hôpital, qui fut peut-être un lieu d’étape pour les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle, le Lourdes d’autrefois : il y a des modes en ceci comme en tout. Ainsi, par exemple, dans toutes les églises on trouve maintenant un Saint-Antoine-de-Padoue plus ou moins grand, selon l’importance de la paroisse — avec un tronc au-dessous, point n’est besoin de le dire.

Après être passés en vue du château de Chantérac, nous arrivons à Saint-Vincent en traversant des bois étendus qui annoncent le voisinage de la Double. Mais c’est un vendredi, et les gens du pays sont au marché de Ribérac ; impossible de trouver un locatis.

La jumen faï re, dit Gustou, vous menaraï pu loun. Et il nous conduit jusque près de Saint-André-de-Double. De là, nous nous dirigeons à pied sur Échourgnac, distant de huit kilomètres.

La route est belle et bien entretenue ; elle traverse un pays à larges ondulations, couvert de bois, de landes humides, d’ajoncs, et à peu près désert. Point de villages ; de loin en loin, une maison basse au centre d’une petite exploitation, un étang desséché dont la route utilise la chaussée et c’est tout. Sur ce parcours de huit kilomètres, nous ne rencontrons pas un chat, par manière de dire.

En approchant d’Échourgnac, on aperçoit de grands bâtiments et un clocher : c’est l’établissement des trappistes de Biscaye.

La Trappe d’Échourgnac

Arrivés à Échourgnac à deux heures, nous faisons collation, puis nous visitons le bourg. L’église n’est qu’une vieille masure qui a pourtant son saint Antoine, comme les autres. C’est étonnant, j’y reviens, comme ce saint, assez effacé il n’y a pas longtemps, a fait fortune ; saint Joseph doit en être jaloux. La visite de l’établissement des trappistes s’impose ; pourtant, moitié par paresse, moitié faute de temps, nous n’y allons pas et nous nous tenons pour satisfaits de la vue de quelques pères ou frères, circulant en sabots et chapeaux de paille. Les maisons du bourg sont en général