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Page:Eugène Le Roy - Carnet de notes d’une excursion de quinze jours en Périgord, 1901.djvu/26

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la colline. Cette rue est bordée de maisons, basses pour la plupart, et de construction ancienne. Parfois, une venelle se détache de la rue et va aboutir à une maison située au-dessus, sur quelque rocher, à un jardin accessible par des escaliers, ou à la porte d’une petite cour. En haut de la rue est une autre ancienne porte de la ville. Une fontaine coule près de là. Tout au faîte de la colline, est la ville haute, représentée par des maisons éparses, une sorte de place plantée d’arbres et une église sans caractère, avec son Saint-Antoine-de-Padoue comme partout. — Quand je vous le dis !

Porte de l’ancienne enceinte de Limeuil

Sur le plateau étroit qui domine la ville basse, une grande habitation est construite, dont les jardins vont jusqu’à la pointe de la colline où est une petite tour, ancien moulin à vent, ou pigeonnier, qui se voit d’en bas. Là était l’ancien château, et il en reste le puits qu’on m’a dit avoir trois mètres de diamètre.

De ce point, on a la plus splendide vue du Périgord. Les deux vallées bordées de hautes collines chauves, ou boisées, ou cultivées à mi-côte, se développent harmonieusement en des cirques immenses. Leurs crêtes et leurs profils s’atténuant progressivement dans l’éloignement, finissent par se noyer et se confondre avec l’horizon lointain où flotte une légère vapeur violette. Des maisons isolées et des villages s’égrènent au flanc des coteaux plus rapprochés ; des ruines dominent des promontoires rocheux ; des châteaux campés à la cime des puys couronnent les hauteurs voisines. Sur les coteaux ou dans les vallées, au loin, un clocher aigu pointant au-dessus des maisons d’un petit bourg, monte dans le ciel bleu. Sur les pentes rapides des Cingles à l’aspect désolé, s’accrochent çà et là quelques chênes rabougris, ou de rares genévriers à la verdure terne. Des escarpements taillés en murailles géantes, se réfléchissent dans les eaux, tandis que des rochers, perçant la mince couche de terre, montrent l’ossature des coteaux, ou les surmontent de masses calcaires aux formes bizarres. Dans la plaine, des terres cultivées, des vignes, des luzernes, des labours, des prairies, découpés en parcelles régulières, semblent une gigantesque carte