Page:Eugène Le Roy - Carnet de notes d’une excursion de quinze jours en Périgord, 1901.djvu/28

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Mais j’allais oublier la belle demoiselle de Limeuil, fille d’honneur de Catherine de Médicis, qui accoucha un peu intempestivement dans le cabinet de la reine…

— Est-ce que tu veux prendre racine là, père ?

— Non, mon fillot.

Et nous remontons le chemin de halage de la Vézère pour revenir au Bugue, distant de six kilomètres. Jolie promenade coupée par une sieste à l’ombre d’un frêne.

Le lendemain, nous partons pour Siorac, où nous prenons le train qui remonte vers Sarlat en suivant la Dordogne. Sur la rive droite, des collines dépouillées, corrodées par les pluies qui y ont tracé des sillons capricieux, quelque chose comme des rides de vieillesse, étalent leurs sauvages horreurs. Au sommet, des rochers aux formes tourmentées, rompent la monotonie de ces mamelons chauves, où croissent parfois quelques chétifs chênes-verts, restés là comme pour attester la possibilité du reboisement. Sur la rive gauche, les coteaux sont moins nus et, parfois même, bien boisés. Les habitations éparses dans la plaine, au milieu de cultures variées, se chauffent au soleil qui dissipe la buée légère qui s’élève des terres fraîchement labourées.

Saint-Cyprien, ancienne ville close, se montre bien éclairée avec le haut clocher gris de l’ancienne abbaye qui la domine. Près de là est le lieu de Fages, où Montluc passa la Dordogne, à la queue de l’armée protestante qu’il joignit à Vern où, avec Burie, il la mit en déroute.

Château de Beynac

La machine siffle, le train se remet en marche et passe au pied des hautes collines où est planté le château des Mirandes. Sur la rive droite, voici maintenant la vieille forteresse féodale de Beynac, une des