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Page:Eugène Le Roy - Carnet de notes d’une excursion de quinze jours en Périgord, 1901.djvu/38

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et se repose à Terrasson deux heures, et même deux heures et demie, ce qui permet aux voyageurs d’aller visiter la ville, d’y déjeuner ou d’y consommer quelques bocks ou apéritifs, selon l’heure.

Certainement les intérêts des aubergistes et des débitants terrassonnais, sont très respectables ; mais, si j’osais, je dirais que ceux des voyageurs qui ont pris le train pour se rendre rapidement de Nontron à Sarlat, ou de Sarlat à Nontron, ne le sont pas moins. Pendant que les cafetiers du Pas-Bruzat font leurs affaires, eux ne font pas les leurs.

Cette combinaison étrange et anormale, se complique d’une illégalité de la Compagnie d’Orléans, qui, sur la ligne de Nontron à Sarlat avec embranchement sur le Burg, a organisé des trains de Nontron à Brive, et d’Hautefort à Sarlat ; alors qu’elle devait établir des trains allant directement de Nontron à Sarlat, et d’autres d’Hautefort à Brive, par l’embranchement du Burg. Si les députés et les sénateurs ont voté la construction d’une ligne de Nontron à Sarlat, c’était apparemment pour qu’il y eût une communication directe entre ces deux villes.

Cette même combinaison s’aggrave encore de ce fait, qu’il n’y a pas de correspondance entre les trains. Ainsi, un voyageur allant de Nontron ou de Thiviers, à Sarlat, est obligé de prendre le train qui va sur Brive, de descendre à Hautefort, et là, d’attendre deux heures le départ du train qui se forme pour Sarlat ; après quoi, il stationne encore deux heures et demie à Terrasson avec ce train étonnant. En sorte que, dans un trajet de 126 ou même de 97 kilomètres, il y a une perte de temps de quatre heures et demie, le double du temps qu’il faudrait pour faire l’entier parcours.

Ce qui peut s’appeler un comble, c’est que les habitants de Montignac qui vont à Périgueux en sont réduits à regretter le temps des omnibus, Il leur faut stationner à Condat deux heures de plus qu’autrefois. Ah ! par exemple, pour aller à Terrasson et dans la Corrèze où ils n’ont que faire, ils ont toutes les facilités.

Décidément, c’est une belle chose que les influences de clocher appliquées au tracé des chemins de fer ; je ne veux pas ajouter : et à leur horaire.

Je voudrais que les auteurs de ce raccordement malheureux entendissent les bénédictions des voyageurs chaque jour ; les oreilles doivent terriblement leur tinter. Enfin, ces deux mortelles heures sont écoulées. La machine a passé sur la plaque tournante et est venue prendre la queue du train qui en devient la tête : manœuvre bien naturelle, n’est-ce pas, qui se répète six fois par jour. Puis le train se met en marche revenant sur ses pas ; nous secouons la poussière charbonneuse de nos habits, sur la capitale du Terrassonnais, et bientôt nous voici dans le pittoresque vallon de l’Elle.

Ici, la nature du terrain change ; des calcaires du Guern et de l’Escalayrou