Page:Eugène Le Roy - Carnet de notes d’une excursion de quinze jours en Périgord, 1901.djvu/5

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Mais le temps presse ; nous avons une longue excursion à faire aujourd’hui. Après avoir acheté des couteaux — emplette obligée — et nous être avitaillés de harnais de gueule, nous partons pour Blanchetière, petit village de la commune de Saint-Martin-le-Pin, ou le Peint, à votre choix.

À Blanchetière, nous trouvons la famille nombreuse des métayers de l’ami P… Plusieurs sont décorés de médailles agricoles, bien placées, ma foi, car depuis cent quatre-vingts ans, la propriété est exploitée par les ancêtres des braves gens d’aujourd’hui et eux-mêmes. Pensez que cette occupation remonte au temps du système de Law et de la peste de Marseille ! Cela fait rêver.

Ayant bien déjeuné et fait honneur au bon petit vin blanc du crû, nous nous mettons en quête de la pierre branlante du Pot Perdu. Après avoir erré longtemps à travers les bois, nous trouvons un naturel du pays qui, interrogé en un patois fantaisiste par l’ami P…, déclare ignorer l’existence du susdit monument que, pourtant, nous finissons par découvrir à quatre ou cinq cents pas de là.

Pot Perdu

À la naissance d’un petit vallon herbeux et entouré d’un rideau de chênes, il se dresse solitaire. Une large base de granit sort de terre, comme un piédestal. Sur cette base sont posés un énorme bloc fruste et un autre plus petit de forme pyramidale irrégulière. Sur ces deux supports, une immense table granitique est placée, qui dépasse beaucoup d’un côté, de façon à former un abri. Comme ce personnage des Bourgeois de Molinchart