Page:Eugène Le Roy - Carnet de notes d’une excursion de quinze jours en Périgord, 1901.djvu/9

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Le matin, nous allons contempler un instant la vieille et pittoresque demeure féodale d’un des premiers barons du Périgord, que nous n’avions fait qu’entrevoir dans l’ombre, la veille, puis nous prenons le courrier pour la station de Goûts.

Château de Mareuil

À partir de Mareuil, l’aspect du pays change, les bois se font rares ; du terrain granitique du Nontronnais on passe au calcaire. Les coteaux sont arrondis, grisâtres et dénudés, sauf quelques vignes, des cultures et des chaumes.

Voici La Tour-Blanche, puis Verteilhac. Tout joignant ce dernier bourg, est le château de La Meffrenie, dans lequel est une chambre où coucha, dit-on, le prince de Condé, au temps de la guerre de la Fronde bordelaise. J’ai couché autrefois dans cette même chambre sans avoir une conscience bien nette de tant d’honneur, car j’étais un peu sous l’influence du vin capiteux de Géraud-Piga, crû du château, doux, mais traître en diable, auquel tous les nouveaux hôtes payaient tribut à la grande joie de l’excellent châtelain.

À Ribérac, nous ne faisons que passer. Après déjeuner, nous prenons le train et nous remontons, jusqu’à Saint-Apre, la riante vallée de la Drone, encadrée de coteaux blanchâtres.

Il y a quelque trente-deux ans que j’ai quitté ce joli petit bourg, et je le trouve fort embelli. Tandis que Robert se promène avec un camarade du lycée retrouvé là, je vais revoir les anciennes connaissances ; — celles qui restent, car la camarde a fauché dru. — Pauvre de moi ! alors que je