Page:Eugène Le Roy - Jacquou le Croquant.djvu/161

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connaissais que ça ne les disposait pas bien pour moi. Le fils de ce Martissou le Croquant, qui avait tué Laborie et qui était mort aux galères, ça leur faisait une mauvaise impression ; quoiqu’elles sussent bien qu’il n’était pas un scélérat, et il y en avait, sans doute, qui se disaient en elles-mêmes le vieux proverbe : « de race le chien chasse ». Voyant ça, il me vint en idée de dire un autre nom ; aussi, lorsque je fus aux Foucaudies, à la question forcée : « De chez qui es-tu ? » je répondis assurément :

— De chez Garrigal, de la Jugie.

— Et où c’est-il, la Jugie ?

— Dans la paroisse de Lachapelle d’Albarel.

Comme ce n’était pas dans leur renvers, ou voisinage, les gens ne connaissaient pas cet endroit de la Jugie ; et ça aurait été difficile qu’ils le connussent, d’ailleurs, vu qu’il n’y en a pas dans la commune de Lachapelle, comme je le sus deux ou trois jours après.

On aurait cru que, de celer mon nom, ça allait me porter bonheur, car une femme me dit :

— Tu pourrais aller voir à l’Auzelie, et puis ensuite, à la Taleyrandie.

Je me fis enseigner le chemin de l’Auzelie, mais arrivé que j’y fus, on me dit que tous les petits dindons avaient crevé en mettant le rouge, pour s’être trouvés sous un orage.

De là je fus à la Taleyrandie, et je me présentai à la cuisinière, une bonne grosse femme :