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Page:Eugène Le Roy - Jacquou le Croquant.djvu/272

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de sa jeunesse, et à un mot, à un nom quelquefois, des faits oubliés depuis longtemps se réveillaient dans sa mémoire. Ces jours-là, Jean restait à souper, et le soir, à table, Bonal nous entretenait de choses et d’autres, et nous intéressait par des récits curieux, et des remarques que jamais nous n’aurions songé à faire de nous-mêmes.

Par exemple, il nous disait la signification des noms de villages des alentours, et celle des noms d’hommes.

— Ainsi Fossemagne, nous disait-il un jour, signifie : grande Fosse ; Fromental, pays à froment, et ton nom de Ferral, à toi Jacquou, semble indiquer à l’origine un travailleur de fer de ces forges à bras communes autrefois dans nos pays : pour le surnom de Croquant que vous portez de père en fils, tu sais d’où il te vient.

— Et ce nom de Maurezies, le village de Jean, lui demandai-je, que signifie-t-il ?

— Il y en a qui le tireraient des Maures ou Sarrasins qui ont fait des courses dans nos pays ; mais moi, j’aime mieux avouer que je l’ignore. En revanche, je puis te dire que ce village pourrait bien être le lieu où saint Avit perdit son compagnon Benedictus, comme il est dit dans le propre du diocèse.

Bonal nous faisait voir aussi la ressemblance de certains mots de notre patois avec le langage breton ; il nous parlait des Gaulois nos ancêtres, de leur religion, de leurs coutumes ; nous